BELLE DU SEIGNEUR, Albert Cohen
Gallimard, 1968
Gallimard, 1968

Extrait: "Attentes, ô délices, attentes dès le matin et tout le long de la journée, attentes des heures du soir, délices de tout le temps savoir qu'il arriverait ce soir à neuf heures, et c'était déjà du bonheur. Aussitôt réveillée, elle courait ouvrir les volets et voir au ciel s'il ferait beau ce soir. Oui, il ferait beau, et il y aurait une nuit chaude avec beaucoup d'étoiles qu'ils regarderaient ensemble, et il y aurait du rossignol qu'ils écouteraient ensemble, elle tout près de lui, comme la première nuit, et ensuite ils iraient, iraient se promener dans la forêt, se promener en se donnant le bras. Alors, elle se promenait dans sa chambre, un bras arrondi, pour savourer déjà. Ou bien, elle tournait le bouton de la radio, et si c'était une marche guerrière déversée de bon matin, elle défilait avec le régiment, la main à la tempe, en raide salut militaire, parce qu'il serait là ce soir, si grand, si svelte, ô son regard."
L´auteur: Albert Cohen est né à Corfou en 1895. Alors qu´il n´a que cinq ans, ses parents décident d'émigrer à Marseille et y établissent un commerce d'œufs et d'huile d'olive. Il évoquera ces années laborieuses et tendres dans Le Livre de ma mère, publié en 1954. Eduqué dans un établissement privé catholique, puis au lycée Thiers, où il se lie d´amitié avec Marcel Pagnol, le jeune Albert se fait traiter de « sale juif » dans la rue, épisode qui l´impressionnera douloureusement. En 1914, il s´inscrit à la faculté de droit de Genève et devient citoyen suisse en 1919. Il s´engage alors dans le combat sioniste et prend en 1925 la direction de la Revue juive à Paris, qui compte à son comité de rédaction Albert Einstein et Sigmund Freud. Son premier roman Solal paraît en 1930. Réfugié à Londres pendant la guerre, il est conseiller juridique du Comité intergouvernemental pour les réfugiés. Rentré à Genève, il est nommé directeur d'une des institutions spécialisées des Nations Unies. En 1968, Belle du Seigneur est couronné par le Grand Prix de l'Académie Française. Après de longues années de dépression et d´anorexie, Albert Cohen retourne sur le devant de la scène littéraire et médiatique avec la publication de ses Carnets. Il meurt à Genève le 17 octobre 1981.
Ma critique: Belle du Seigneur est une oeuvre unique et monstrueuse, un monument grandiose et menaçant à la gloire de la Femme et de l´Amour. On s´empare du livre un peu intimidé par sa longueur, on s´étonne d´abord de son écriture lyrique, souvent grotesque, on ricane des travers désuets de ses exhubérants personnages, et puis l´on est happé par le mystère intemporel de cette fresque passionnelle, fasciné par ce mélange d´absurdité poétique et de fine analyse psychologique, par cette mordante critique sociale sur fond de tragédie politique et humaine. De cette épuisante et bouleversante expérience, on ressort finalement hagard et épouvanté, si désireux de vivre et d´aimer pleinement, follement. PL
L´auteur: Albert Cohen est né à Corfou en 1895. Alors qu´il n´a que cinq ans, ses parents décident d'émigrer à Marseille et y établissent un commerce d'œufs et d'huile d'olive. Il évoquera ces années laborieuses et tendres dans Le Livre de ma mère, publié en 1954. Eduqué dans un établissement privé catholique, puis au lycée Thiers, où il se lie d´amitié avec Marcel Pagnol, le jeune Albert se fait traiter de « sale juif » dans la rue, épisode qui l´impressionnera douloureusement. En 1914, il s´inscrit à la faculté de droit de Genève et devient citoyen suisse en 1919. Il s´engage alors dans le combat sioniste et prend en 1925 la direction de la Revue juive à Paris, qui compte à son comité de rédaction Albert Einstein et Sigmund Freud. Son premier roman Solal paraît en 1930. Réfugié à Londres pendant la guerre, il est conseiller juridique du Comité intergouvernemental pour les réfugiés. Rentré à Genève, il est nommé directeur d'une des institutions spécialisées des Nations Unies. En 1968, Belle du Seigneur est couronné par le Grand Prix de l'Académie Française. Après de longues années de dépression et d´anorexie, Albert Cohen retourne sur le devant de la scène littéraire et médiatique avec la publication de ses Carnets. Il meurt à Genève le 17 octobre 1981.
Ma critique: Belle du Seigneur est une oeuvre unique et monstrueuse, un monument grandiose et menaçant à la gloire de la Femme et de l´Amour. On s´empare du livre un peu intimidé par sa longueur, on s´étonne d´abord de son écriture lyrique, souvent grotesque, on ricane des travers désuets de ses exhubérants personnages, et puis l´on est happé par le mystère intemporel de cette fresque passionnelle, fasciné par ce mélange d´absurdité poétique et de fine analyse psychologique, par cette mordante critique sociale sur fond de tragédie politique et humaine. De cette épuisante et bouleversante expérience, on ressort finalement hagard et épouvanté, si désireux de vivre et d´aimer pleinement, follement. PL
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